Pour communiquer au poil avec son chien!

Qui n’a pas déjà eu l’impression que son animal ne l’écoutait pas, même qu’il le provoquait peut-être!  Pour la plupart d’entre vous, comprendre ce chien qui fait partie intégrante de votre vie relève d’un défi monstre! Décoder ses mimiques, ses vocalisations et ses comportements peut vous sembler hors de portée. Pourtant, il vous suffit de l’observer au quotidien, comprendre ce dont il a besoin et les expressions qui lui sont propres afin d’arriver à bien saisir la situation. N’oubliez pas que votre chien est un être social avant tout! Je vous dirais que le plus souvent, suivre votre instinct est le début d’une bonne communication. Mais, évidemment, ce n’est pas tout! Cet article vous donnera les principaux outils pour débuter une belle et authentique relation avec votre chien.

 

Les bases du langage canin

Tout d’abord, regardons ensemble les bases de cette communication canine indispensables à savoir : les signaux d’apaisement ou d’inconfort. Ils sont les premiers signes visibles d’une volonté d’interaction amicale ou bien de l’expression d’une incertitude dans situation confusionnelle. Ainsi que les signes de stress et les réflexes de défense qui eux sont exprimés de façon involontaire et lorsqu’une menace est perçue. Une fois que vous saurez les identifier, les différentes situations que vous vivez au quotidien vous sembleront plus claires. Mais sachez que la communication canine comprend aussi d’autres éléments comme les vocalisations, mouvements, phéromones, odeurs, marquage… Tout ce qui permet au chien de recevoir ou transmettre des informations aux individus qui l’entourent et à son environnement.

 

Les signaux d’apaisement ou d’inconfort

Depuis de nombreuses années, on peut constater que les livres et articles sur le langage canin se succèdent. La plupart se réfèrent entre autres à Turid Rugaas, une ancienne entraîneuse de chevaux de course qui a toujours su par instinct que les méthodes douces étaient les plus efficaces. Elle a aussi travaillé pendant des années avec des chiens et leurs propriétaires pour leur démontrer une éducation bienveillante.

Cette femme d’exception a entrepris un travail sur les signaux d’apaisement à la fin des années 80, qui a donné le jour à un livre publié pour la première fois en 1996, puis une deuxième édition en 2006 : Les signaux d’apaisement, les bases de la communication canine. Elle décrit une trentaine de ces signaux comme des postures et mimiques exprimées volontairement par les chiens pour prévenir les menaces des gens, d’autres chiens et calmer la nervosité, la peur, le bruit ou toute chose désagréable. Leur permettant ainsi de se rassurer, rassurer les individus qui les entourent et éviter de nombreux conflits.

 

Les plus courants

Assez récemment, la science du comportement nous apprend que le terme ‘’signaux d’inconfort’’ est plus approprié puisqu’ils démontrent le plus souvent un inconfort chez l’animal. En voici quelques-uns : tourner la tête, cligner des yeux, détourner le regard, se lécher la truffe, marcher lentement, position de l’appel au jeu, s’asseoir, se coucher, bailler, renifler, s’avancer en arc de cercle, lever la patte, remuer la queue, se secouer…

Il est donc toujours très pertinent de bien observer votre chien afin de voir ces comportements et de modifier la situation qui s’y rapporte si nécessaire. En exemple, si votre chien s’assoit ou se couche lorsqu’il rencontre un autre chien tenu en laisse, il s’agit d’un signe très fort pour indiquer qu’il ne veut pas de conflit et que son intention est amicale. Ou encore, votre chien peut bailler lorsque le ton monte pendant une discussion entre ses propriétaires. Également, il peut aussi cligner des yeux et détourner la tête lorsque vous le caressez ou tentez d’interagir avec lui. Dans toutes circonstances, ces signaux sont généralement positifs!

 

Tranche de vie

Les chiens ont généralement leurs propres signes qu’ils reprennent plus couramment. Pour mon Marcus, le bâillement et le détournement de la tête ou du corps sont ceux qu’il exprime le plus souvent.  Dans son cas, auparavant, lorsque je mettais son harnais ou attachait sa laisse, lors de caresses ou interactions diverses, lorsqu’il ne comprenait pas une demande ou s’il y avait trop d’enfants autour de lui… Avec le temps, j’ai dû modifier ces situations pour le rendre plus confortable et il en fait beaucoup plus rarement! Du haut de ses 3 ans, nous nous comprenons vraiment mieux! Retenez que si un ou des signes d’inconfort apparaissent, vous devez être attentif aux détails de la situation qui se déroule sous vos yeux. Votre chien a besoin que vous soyez connecté et présent avec lui.

 

Les signes de stress

Une définition globale du stress serait l’ensemble des réactions d’un organisme soumis à des pressions ou contraintes de l’environnement. Les réactions seront différentes selon la perception de l’individu et des émotions qui en découlent. Elles sont la plupart du temps involontaires et s’imposent au chien. Le stress amène couramment peur, confusion ou incertitudes qui influencent le comportement de l’animal.

 

Ce que vous pouvez observer

Une vétérinaire comportementaliste bien connue Sophia Yin, décédée il y a quelques années, en a répertorié plusieurs. On parle de posture accroupie, très basse, halètement, respiration rapide, augmentation de la fréquence cardiaque, mouvements lents ou très rapides, hypervigilence. Peuvent s’ajouter à cette liste le refus de manger, s’éloigner, avoir les pupilles dilatées, avoir le corps raide, sudation des coussinets, pellicules et perte de poils excessive, salivation, avoir le poil hérissé sur le dos…

Si vous constatez ces signes chez votre toutou, il est impératif de trouver la cause ou le déclencheur de cette difficulté et d’intervenir pour le retirer de ce contexte ou modifier celui-ci. La gravité de la situation ne fera qu’empirer si elle n’est pas gérée rapidement, également si cette même situation doit se reproduire dans le futur.

 

Des solutions

Tout ce qui peut aider votre animal à se calmer sera une bonne solution. Que ce soit de la distance avec le déclencheur, des caresses à un endroit apprécié sur le corps, des paroles rassurantes. Il peut même s’agir de jeu, de nourriture, changer un détail dans l’environnement, d’une musique, une odeur, une façon plus douce et consciente d’interagir avec lui… Tout ce qui peut lui donner une perception plus positive de la situation aidera à rétablir son calme et son équilibre émotionnel.

Par exemple, dans le cas d’un enfant qui s’impose et envahit un chien tenu en laisse, il est possible d’observer un ou plusieurs de ces éléments. Il serait pertinent de suggérer à l’enfant qu’il s’éloigne un peu du chien et qu’il invite celui-ci à s’approcher de lui tout en respectant son choix. Le propriétaire pourrait même donner des gâteries à l’enfant qui les lancerait au chien à distance. Peu importe l’âge de l’enfant ou la situation, il est primordial qu’en sa présence l’association faite par le chien soit toujours positive et agréable!

 

Les réflexes de défense

Les réflexes de défense sont des mécanismes inconscients exprimés par les animaux autant que les humains pour se soustraire à une situation qui leur fait ressentir de la peur. Chez le chien, il y en a quatre qui sont le plus régulièrement observés : figer, fuir, faire le fou, foncer (communément appelés 4F). Chaque individu aura une tendance à manifester un de ces réflexes. Mais s’il ne peut l’utiliser, un second sera assurément exprimé. Tous les animaux figent plus ou moins longtemps en premier lieu et souvent ce réflexe passe inaperçu.

Prenons le cas d’un chien dans les bras de son propriétaire, le soir, devant la télévision qui se reposent tranquillement. À un moment, la jeune fille de la famille s’approche face à lui pour le caresser parce qu’elle en a envie… Quand celui-ci est surpris, se met à grogner et à montrer les dents. Le réflexe du père sera probablement de réagir fortement en réprimandant le chien puisqu’il est lui-même surpris de sa réaction. Si on regarde de plus près, le chien fige quelques secondes mais la fillette ne le voit pas. Puis, dans les bras de l’humain, il est pris et contraint, il ne peut s’éloigner s’il ne souhaite pas cette interaction. Alors, lui reste l’option de foncer : montrer les dents et grogner dans son cas!

 

Comment interagir?

Vous voyez que tous ces éléments font partie intégrante de la communication humain et chien! D’autant plus qu’il est évident qu’ils évoluent en escalade selon l’évolution de la situation. Alors votre compréhension des circonstances est importante!

Tout d’abord, il est essentiel de bien comprendre le langage canin en vous procurant les bonnes informations. Je vous conseille fortement de prendre les services d’un intervenant canin compétent utilisant des méthodes bienveillantes pour apprendre à lire votre propre chien. Chacun est unique et utilise un langage bien à lui puisque’ il a également ses propres limites. Un tel professionnel vous aidera à décoder tous les signes exprimés par votre chien et vous faire voir des détails que vous n’aviez pas encore vu. Il mettra en lumière les besoins et limites de votre compagnon.

Évidemment, dans tout contact avec votre chien, priorisez le respect. Soyez conscients de ses limites puisque vous exigez de lui qu’il respecte les vôtres. Laissez-lui toujours de la distance et le choix de refuser toute interaction avec vous ou d’autres individus. Offrez-lui toujours un endroit calme et bien à lui dans son espace de vie, un refuge qui lui est accessible quand il le souhaite. De cette façon vous saurez à quel moment il en a assez et s’il a besoin d’une pause. Pensez à toujours le toucher ou le caresser de façon brève. Il doit pouvoir s’éloigner au besoin. Le moment que nous choisissons pour les câlins n’est pas toujours celui que notre ami canin souhaite! Finalement, dans tous vos échanges avec Pitou, soyez présents et attentifs à ce que vous faites et bien sûr dans chaque détail.

 

Comment se faire comprendre

Je vous assure qu’il n’est pas nécessaire de se fâcher ou s’impatienter pour se faire comprendre d’un chien. Il n’a pas la capacité de vouloir provoquer votre colère ou se venger. Et quelle motivation aurait-il de vous obéir dans ce cas? Votre chien n’est pas un humain, il vit dans l’instant présent et est connecté avec lui-même bien plus que vous ne l’êtes avec vous.

Prenez le temps de lui démontrer vos intentions dans vos échanges et vos demandes. Soyez clairs, en utilisant un mot et un geste simple pour chaque demande. Trouvez les bonnes motivations pour lui donner envie de s’exécuter (nourriture, jeu, jouets, sorties extérieures ou tout ce qu’il souhaite). Vous devez être gagnants tous les deux dans cette relation. Dans vos manipulations ou caresses soyez doux, attentif et prévenant pour toujours le mettre en confiance. Si votre compagnon a confiance en vous et en ce que vous faites, il vous laissera faire tout ce que vous voulez ou à quelques exceptions près. Et vous verrez plus facilement où se trouve ses limites. La méthode Tellington Ttouch est très efficace pour développer une communication attentive et consciente.

 

Quelques observations de mon expérience

Voici de petits détails que j’ai pu observer dans mon parcours en clinique vétérinaire et mon travail d’intervenante en comportement canin. Ils vous aideront dans plusieurs circonstances!

  • Un chien qui n’a pas de place de repos dans son espace de vie devient moins tolérant, agité, plus réactif et instable émotionnellement. Prévoyez un coin tranquille: coussin, cage positive, tapis, chambre…Tout endroit où il semble vouloir aller se reposer de lui-même régulièrement. Votre chien aussi a besoin de paix de temps en temps!

 

  • Le grognement est un avertissement à prendre au sérieux. Que ce soit dans les contacts, manipulations, interactions ou toute autre situation. Ne le punissez jamais, prenez-le en compte. Votre chien vous parle directement, modifiez le contexte ou l’événement en question de façon à l’aider à retrouver son calme. Il comprendra qu’il peut avoir confiance en vous et se sentir en sécurité à vos côtés.

 

  • Le regard fixe d’un chien est très souvent indicateur d’une chose à laquelle vous devez intervenir. Excepté s’il l’exprime parce qu’il a été entraîné au focus. Ce regard est souvent la première chose évidente que vous verrez si votre toutou est dérangé, stressé ou attentif à une chose précise (objet, animal, personne…). Il le fera probablement s’il a peur ou est stressé, avant de déclencher en réactivité ou même en cas de comportement de prédation (qui ne sera pas abordé dans ce texte). Vous serez certainement gagnant de ne pas le laisser dans cet état.  Il sera efficace de rapidement détourner son attention ailleurs en le rappelant ou en lui faisant une demande précise. Bien avant qu’il exprime un comportement suivant comme japper ou courir. Le service d’un intervenant canin expérimenté sera nécessaire dans certains cas. Et devant un chien inconnu, évitez de le fixer du regard puisqu’il risquerait de vous percevoir comme une menace. Si vous détournez le regard et cligner les yeux, ça l’aidera à se calmer. Vous gagnerez plus facilement sa confiance!

 

  • Dans mes consultations à domicile, très souvent un chien inconnu se positionne face à moi, il me regarde et me surveille du coin de l’œil. Un tel chien ne me fait pas confiance. Il est alerte, surveille mes faits et gestes. Il peut se coucher, mais face à moi. Dans ces cas-là, je sais que je dois trouver un moyen de gagner sa confiance. Je travaille alors dans le respect de ses limites, la distance, le jeu, les récompenses afin de changer son émotion. Puis, rapidement il devient plus détendu et à l’aise.

 

  • Par contre, un chien dans votre environnement et peu connu vous tourne le dos, fait sa vie sans se préoccuper de vous, c’est assurément qu’il ne se sent pas menacé et  plutôt en sécurité. S’il s’assoit ou se couche près de vous et positionné dos à vous, il vous fait confiance! Et s’il dépose sa tête sur vos genoux, c’est gagné!

 

En conclusion, communiquer avec un chien est avant tout de l’observation. Ensuite, vient un lien de confiance créé par le respect de l’autre. L’humain ne craint pas ce qu’il connait et le chien non plus. Si l’humain est imprévisible et que Pitou ne sait jamais à quoi s’attendre, il sera méfiant et le sentiment de sécurité sera absent. Si au contraire, votre ami canin connaît votre respect, votre patience et vos intentions, votre relation sera vraie et sans ambiguïté. C’est bien là où se trouve le plus beau dans le fait de vivre avec un animal!

 

 

Rédigé par Gabrielle Charland

Intervenante en comportement canin et félin

Praticienne TTouch niveau 1

 

Sources :

  • Dehasse Joël. Tout sur la psychologie du chien. Éditions Odile Jacob. 2009.
  • Rugaas, Turid. Les signaux d’apaisement, les bases de la communication canine. Éditions Génie canin. 2006.
  • Bouchard, Jacinthe. Devenez le meilleur ami de votre chien. Éditions de L’homme. 2009.
  • Yin, Sophia. Low stress handling. Restraint and behavior modifications on dogs and cats. Cattledog publishing.
  • Leclerc, Lucie. Formation en TTouch pour animaux de compagnie. 2019 à 2021.

 

crédit photo: Courtney Coles-unsplash